N’est-ce pas par le regard de l’Autre
que nous existons vraiment ?*
Dans le grand salon du
navire Funchal, qui conduisait la croisière à travers la Méditerranée, un
prestigieux panel d’orateurs tenait les auditeurs sous son charme. Dans le
sillage de la civilisation arabo
andalouse, Michel del Castillo pour la littérature, Michel Terrasse pour
l’Histoire et l’archéologie, Simon Claude Mimouni pour l’histoire des religions
méditerranéennes, donnaient une âme à ce voyage.
Journaliste, spécialiste du
Proche Orient, le franco-libanais Antoine Sfeir témoignait au plus près de
l’actualité des peuples mêlés de la Méditerranée. Rebondissant sur un terme
souvent évoqué à propos de l’Andalousie musulmane, « la tolérance »,
il expliqua l’évolution du mot , depuis le « tolero » latin qui signifie « supporter », jusqu’à
la marge d’erreur acceptée au Moyen Age dans les dosages, aussi bien de l’or
des orfèvres que des drogues des apothicaires.
Il en arriva à la
« tolérance » du dialogue inter religieux, soulignant ce que le mot
pouvait avoir de condescendant. « Certains
penseurs laïques, disait-il, lui
préfèrent l’expression : reconnaissance de l’autre tel qu’en lui
même dans son altérité ».
Et pour illustrer ce propos,
il nous livra un souvenir de sa jeunesse libanaise :
« Quand à l’aurore, j’entendais l’appel du muezzin, je me disais :
il est temps de me lever. Lorsqu’en m’habillant j’entendais les cloches de
l’église, je me disais : si je ne me hâte pas, je vais être en retard.
Lorsqu’en passant devant la synagogue, je voyais le rabbin ouvrir les portes,
je me disais : plus la peine de courir. Tu as raté le car. »
Devant la drôlerie de la
chute, toute la salle se mit à rire.
Les coudes sur la table,
enfouissant sa tête entre les mains , Antoine Sfeir tentait de cacher sa douloureuse émotion.
*A. Sfeir
N’est-ce pas par le regard de l’Autre
que nous existons vraiment ?*
Dans le grand salon du
navire Funchal, qui conduisait la croisière à travers la Méditerranée, un
prestigieux panel d’orateurs tenait les auditeurs sous son charme. Dans le
sillage de la civilisation arabo
andalouse, Michel del Castillo pour la littérature, Michel Terrasse pour
l’Histoire et l’archéologie, Simon Claude Mimouni pour l’histoire des religions
méditerranéennes, donnaient une âme à ce voyage.
Journaliste, spécialiste du
Proche Orient, le franco-libanais Antoine Sfeir témoignait au plus près de
l’actualité des peuples mêlés de la Méditerranée. Rebondissant sur un terme
souvent évoqué à propos de l’Andalousie musulmane, « la tolérance »,
il expliqua l’évolution du mot , depuis le « tolero » latin qui signifie « supporter », jusqu’à
la marge d’erreur acceptée au Moyen Age dans les dosages, aussi bien de l’or
des orfèvres que des drogues des apothicaires.
Il en arriva à la
« tolérance » du dialogue inter religieux, soulignant ce que le mot
pouvait avoir de condescendant. « Certains
penseurs laïques, disait-il, lui
préfèrent l’expression : reconnaissance de l’autre tel qu’en lui
même dans son altérité ».
Et pour illustrer ce propos,
il nous livra un souvenir de sa jeunesse libanaise :
« Quand à l’aurore, j’entendais l’appel du muezzin, je me disais :
il est temps de me lever. Lorsqu’en m’habillant j’entendais les cloches de
l’église, je me disais : si je ne me hâte pas, je vais être en retard.
Lorsqu’en passant devant la synagogue, je voyais le rabbin ouvrir les portes,
je me disais : plus la peine de courir. Tu as raté le car. »
Devant la drôlerie de la
chute, toute la salle se mit à rire.
Les coudes sur la table,
enfouissant sa tête entre les mains , Antoine Sfeir tentait de cacher sa douloureuse émotion.
*A. Sfeir
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